Quelle est la signification spirituelle du jardin ?

Le jardin est un espace organisé, généralement clos, indépendant ou associé à un édifice, comportant des végétaux d'utilité ou d'agrément cultivés en pleine terre ou hors sol. Le végétal, ordre qui regroupe tous les êtres vivants non animaux, est l'élément permanent et fondateur du jardin. Le jardin est une composition culturelle et naturelle : il est le résultat de la marque que l'homme veut imposer au vivant. Cette spécificité détermine sa forme, sa permanence, son usage, sa temporalité, notamment du fait du rythme de sa végétation. Dessiner un jardin c'est donc avant tout travailler le végétal : importer sur un espace défini des espèces que l'on juxtapose de manière artificielle, tailler, forcer, imposer un développement structuré aux arbres, dessiner des parterres, des bordures, regrouper les plantes selon leurs couleurs ou leur utilité.

Pour d’autres, le jardin est un lieu chargé de symboles, de signification, et qui, au-delà même de l’aspect esthétique, possède une dimension spirituelle. Le zen, dérivé du bouddhisme, est d’abord une pratique, un art de vivre, qui accorde une importance cruciale à la méditation et à l’intuition. Dans un jardin zen, l’agencement de la nature et de l’architecture est donc pensé pour favoriser un état d’esprit propice à ces activités. Plus profondément, le jardin zen commémore des mythes antiques et célèbre le cycle infini de la vie. Il est censé donner à l’homme une juste appréhension de sa place dans l’univers et lui faire sentir qu’il est un élément d’un grand tout qui le dépasse, aussi bien en termes de temps que d’espace, le tout étant régi par les principes d’un ordre inaltérable. Le jardin zen manie une grande variété de structures et de matières pour mettre en scène cet ordre inaltérable de la nature et provoquer une prise de conscience de la condition humaine. Dans ces jardins, l’idée est d’obtenir un espace clos, propice au recueillement à la manière d’une église, mais cette fois ouvert sur le ciel, pour un contact direct entre l’homme et Dieu. Le jardin chinois cherche à réunir un maximum de scènes, d’objets tirés de la réalité et reproduits en miniature, de manière à stimuler des impressions issues du monde réel, ici évoquées dans leur dimension artistique. Le promeneur est pris en compte dans l’aménagement du jardin chinois, où tout en déambulant il vit une expérience artistique et spirituelle. Tout est pensé pour diriger son regard et créer en lui des sensations diverses et profondes. Tout ce qui nous entoure est gorgé de symboles si l’on prend la peine de se pencher sur l’histoire, les traditions, les mythes et les théories développées par ces nombreux esprits qui, depuis que le monde est monde, ont été touchés par la beauté de la nature et ont vu dans le jardin une dimension spirituelle qu’ils ont cherché à comprendre.

Le jardin est une représentation idéalisée du monde intérieur, des richesses enfouies et de l’imaginaire personnel. Il n’est pas rare d’ailleurs que, dans nos rêves, le jardin soit situé à l’intérieur de la maison. De nature féminine, le jardin symbolise l’endroit intime, le lieu des énergies fécondes, le lieu de la beauté et de la fertilité, là où le masculin rencontre le féminin et l’ensemence. Il devient le jardin des plaisirs et de la félicité. Les arbres, les fleurs, les fruits, les pelouses et les allées sont l’exact reflet de nos richesses intérieures. C’est notre nature intérieure que nous contemplons face au jardin. Sa beauté est celle que nous possédons véritablement au fond de nous. Un beau jardin est le reflet de l’ordonnance des énergies féminines canalisées par le masculin.

Le jardin, qui n'est pas que cet espace réconfortant, c'est aussi le lieu du symbole, de la vie, de l'épanouissement. C'est dans un jardin que l'histoire de l'humanité a commencé. Le mot "paradis" vient du grec et signifie "jardin". Pour les chrétiens, cependant, on passe "de l'oasis à la ville, mais pas n'importe quelle ville." Le P. Salin précise que, "à la différence du paradis d'Allah, pour les chrétiens le symbole de la vraie vie, de la vie éternelle, c'est la Jérusalem céleste." Le jardin répond à une aspiration de l'homme. Pour les êtres humains, de tout temps les dieux ne pouvaient vivre que dans des jardins, explique le P. Dominique Salin, et pour les musulmans, et aussi les chrétiens, la vie après la mort se passe au jardin. Le jardin ce n'est pas la nature sauvage mais la nature humanisée. Avec un maximum de respect de l'histoire d'un site, on lui donne une nouvelle vie, témoigne la paysagiste Véronique Laulier. Mais en travaillant au jardin, l'homme découvre aussi qu'il ne contrôle pas tout de la nature. Mieux, il se connecte à lui-même.

Le lotus sacré symbolise la progression spirituelle de l’homme, du sommeil vers l’éveil. Selon la tradition bouddhiste, l’eau est symbole de purification et pureté. Ensuite sur certains étangs, on y trouve souvent des ponts. Les ponts représentent la vie. Les statues de bouddha sont faites de pierres ou de bronze. Les rochers symbolisent parfois une île, une montagne, un bateau ou encore des animaux. Le chemin du salon de thé est souvent ponctué de lanternes de pierres, de bassins et de bouddha. Les lanternes et les bouddha ont des significations spirituelles.

Toutes les traditions ont fait un maître de sagesse et un lieu de bonheur. Intermédiaire entre Terre et Ciel, symbole de fertilité, il est au cœur de nombre de mythes et de religions. Ceux qui jardinent le savent bien, nul n’est besoin de pratiquer une religion, ni même d’être croyant, pour éprouver ce sentiment d’humilité devant l’œuvre quotidienne de la nature pour communier avec une force qui nous dépasse et pour comprendre que notre univers ne se limite pas à ce que l’on voit. Le jardin clos souligne la clôture à franchir si l’on veut atteindre le bonheur. Le culte shinto : homme et nature forment un tout indissociable. Aujourd’hui je dirai seulement de ce jardin que j’y ai vu, d’année en année, la lumière circuler comme un enfant qui jouerait. Le terme jardin, remonte probablement au concept gallo-romain hortus gardinus. Quel plaisir de se promener dans le jardin ! Je fais le tour de l’infini.